dans la tête d’un Aymara

Une vidéo en Espagnol sur la logique aymara, pour comprendre un peu plus la langue et la culture de ce peuple andin, le plus présent à La Paz.
Il s’agit d’une discussion entre Iván Guzmán et Karina Guzmán.
Le film est réalisé par Juan Pablo Urioste et Mauricio Durán.

Plusieurs idées sont développées :
 Les Aymaras ont une façon de penser distincte de celle des occidentaux.
Iván Guzmán a découvert cette différence en enseignant les mathématiques à des étudiants aymaras. Ils avaient des difficultés pour des raisons de logique et de langue. Par exemple, ils rencontraient des problèmes face aux notions de ET et de OU.
 Il n’existe pas de traduction exacte et parfois il n’y a pas d’équivalent pour un mot dans les autres langues. C’est particulièrement vrai pour l’Espagnol et l’Aymara, qui cohabitent pourtant en permanence dans notre pays.
 En Aymara, il y a une expression du doute toujours, qui est difficile à traduire. Une même phrase peut être considérée comme vraie, comme fausse, comme peut-être vraie et comme peut-être fausse.
Par exemple, en Espagnol (ou en Français), "il est arrivé" est le contraire de "il n’est pas arrivé". Alors qu’en Aymara, il y a une seule façon d’exprimer ces idées, qui correspond à peu près à "peut-être qu’il viendra". C’est un doute symétrique : il y a autant de chance pour qu’il vienne que pour qu’il ne vienne pas. En Espagnol (ou en Français), il n’existe même pas de conjugaison pour cette façon précise de penser.
 L’Aymara a donc influencé l’Espagnol parlé à La Paz. Les Paceños utilisent beaucoup de mots et d’expressions pour inclure ce doute permanent dans leur discours, sans équivalent dans le "Castillano" parlé à Madrid ou ailleurs dans le monde hispanophone. Il y a toujours un élément qui exprime que : j’ai l’intention de faire ça MAIS je ne m’engage pas.
Par exemple, la façon d’utiliser le mot "pues" ("puis" en Espagnol) est très différente dans la Bolivie andine. Il est utilisé comme en Aymara pour inclure le doute. De la même façon, l’expression "no mas" ("pas plus" en Espagnol) sert ici à exprimer qu’on a respecté une promesse.
 Cette façon de parler vient de l’idée quotidienne que les choses se passent : par chance, si Dieu le veut, etc.
 Ainsi, beaucoup de formes grammaticales ou de conjugaisons servent à atténuer le discours : il n’y a jamais d’affirmation réelle.
Et beaucoup, dans le monde hispanophone, pensent que c’est du mauvais Espagnol. En fait, c’est la seule manière d’exprimer cette façon de penser, toujours dans le doute.
 En Espagnol, on dit "La incertitud del hombre mata" (L’incertitude de l’homme tue) : le doute nous semble problématique parce qu’il provoque des situations compliquées. Alors qu’en Ayamara, il fait partie intégrante de la langue et la culture. L’attitude des Aymaras et leur psychologie est donc différente : ils ne peuvent pas être stressés.

Iván Guzmán a écrit un livre pour expliquer cette logique de façon algébrique :
Lógica Aymara y Futurología, de Iván Guzmán de Rojas.